Reconstruction mammaire après cancer

Source intéressante : https://dr-rotunno.ch/seins/reconstruction-mammaire-apres-cancer-ou-asymetrie/

La reconstruction mammaire après un cancer du sein vise à restaurer la forme et le volume du sein en utilisant des techniques chirurgicales variées. Ce processus est souvent personnalisé, en fonction des préférences de la patiente, de la forme du corps, et des traitements oncologiques reçus, comme la radiothérapie ou la chimiothérapie. Voici un guide détaillé des étapes, des méthodes disponibles, et des questions fréquentes sur la reconstruction mammaire après un cancer.


1. Comprendre la reconstruction mammaire après un cancer du sein

Pourquoi envisager une reconstruction mammaire ?

La reconstruction mammaire est un choix personnel qui aide certaines femmes à se sentir plus complètes après une mastectomie. Elle peut améliorer la confiance en soi et l’image corporelle. Cependant, cette intervention n’est pas obligatoire, et certaines femmes choisissent de ne pas reconstruire leur sein.

Quand peut-on envisager une reconstruction mammaire ?

La reconstruction mammaire peut être réalisée soit au moment de la mastectomie (reconstruction immédiate) soit après un délai de plusieurs mois à plusieurs années (reconstruction différée). Le moment dépend de nombreux facteurs, notamment de la santé globale de la patiente, de ses préférences, et des traitements de radiothérapie ou chimiothérapie.

Quels sont les objectifs d’une reconstruction mammaire ?

L’objectif principal est de recréer un sein qui ressemble le plus possible au sein naturel en termes de forme, de volume et de symétrie avec l’autre sein. Une reconstruction mammaire peut inclure également la reconstruction du mamelon et de l’aréole.


2. Les techniques de reconstruction mammaire

Reconstruction avec implants mammaires

  • Principe : Cette technique utilise des implants remplis de silicone ou de sérum physiologique pour recréer le volume du sein.
  • Déroulement : L’implant est souvent placé sous le muscle pectoral. Parfois, un expanseur temporaire est utilisé pour étirer progressivement la peau avant de poser l’implant définitif.
  • Avantages : Temps opératoire plus court et une cicatrisation plus rapide. Cette méthode convient aux patientes qui préfèrent une solution moins invasive.
  • Inconvénients : L’implant peut ne pas convenir aux patientes ayant reçu une radiothérapie, car la peau irradiée peut devenir moins élastique et plus fragile, augmentant les risques de complications.

Reconstruction autologue (ou greffe de tissu)

  • Principe : Cette technique utilise le propre tissu de la patiente (peau, graisse, et parfois muscle) pour recréer le sein. Les zones de prélèvement les plus fréquentes sont l’abdomen, le dos, les fesses ou les cuisses.
  • Techniques courantes :
    • Lambeau DIEP : Utilise la peau et la graisse de l’abdomen sans emporter de muscle.
    • Lambeau TRAM : Utilise un lambeau de l’abdomen qui inclut une partie du muscle droit de l’abdomen.
    • Lambeau LD : Utilise le muscle grand dorsal, souvent en combinaison avec un implant pour obtenir le volume souhaité.
  • Avantages : Le tissu vivant recrée un sein plus naturel en termes de texture et de mouvement. Il est idéal pour les patientes ayant eu une radiothérapie, car le tissu autologue guérit souvent mieux.
  • Inconvénients : Ces interventions sont plus complexes et nécessitent un temps opératoire et une récupération plus longs, avec des cicatrices sur la zone donneuse.

Reconstruction par lipofilling

  • Principe : Le lipofilling consiste à injecter de la graisse prélevée sur une autre partie du corps (abdomen, hanches, cuisses) pour augmenter le volume du sein reconstruit ou améliorer la forme.
  • Avantages : Permet un résultat naturel, sans corps étranger, et peut être utilisé en complément d’autres techniques pour affiner le contour du sein.
  • Inconvénients : Une seule séance de lipofilling ne permet pas de recréer un sein entier. Plusieurs interventions peuvent être nécessaires pour atteindre le volume souhaité.

Reconstruction du mamelon et de l’aréole

  • Cette étape est souvent réalisée après la reconstruction du sein. Le mamelon peut être reconstruit en utilisant une petite portion de peau ou avec un tatouage 3D qui imite l’aspect naturel. Certaines femmes choisissent de ne pas reconstruire le mamelon, car cela n’affecte pas la forme générale du sein.

3. Déroulement de l’intervention et récupération

Avant l’intervention

  • Consultations préopératoires : Le chirurgien discute des options de reconstruction, explique les étapes, et évalue l’état de la peau et des tissus. Le patient peut également consulter un spécialiste en oncologie pour coordonner la reconstruction avec d’éventuels traitements.
  • Préparation physique et mentale : Un bon état de santé général est important pour favoriser la récupération. Une préparation psychologique est également utile, car la reconstruction peut être une étape émotionnelle significative.

Déroulement de l’intervention

Le déroulement dépend de la technique choisie. Voici les étapes générales :

  • Anesthésie : La reconstruction se fait sous anesthésie générale.
  • Intervention : Le chirurgien réalise soit l’insertion d’un implant, soit le prélèvement et le transfert de tissu autologue. Pour certaines techniques, l’intervention peut durer de 2 à 8 heures.
  • Fermeture et pansements : Les incisions sont refermées avec des points de suture, et des pansements sont appliqués pour protéger la zone opérée.

Récupération

  • Hospitalisation : Pour les techniques d’implant, la sortie peut se faire sous 1 à 2 jours. Pour la reconstruction autologue, l’hospitalisation est plus longue (environ 3 à 7 jours).
  • Soins post-opératoires : Il est conseillé d’éviter les mouvements brusques et de porter un soutien-gorge de contention pour maintenir le sein reconstruit en place.
  • Récupération complète : La récupération varie selon la technique : 4 à 6 semaines pour les implants, et jusqu’à 3 mois pour une reconstruction autologue.

4. Résultats et précautions à long terme

Quand peut-on voir le résultat final ?

Le résultat est généralement visible immédiatement, mais il faut plusieurs mois pour que le sein reconstruit prenne sa forme définitive. Les cicatrices s’atténuent progressivement, et le résultat final est visible environ un an après l’intervention.

Les résultats sont-ils durables ?

Oui, les résultats sont durables, mais ils peuvent évoluer avec le temps en fonction de la prise ou de la perte de poids et du vieillissement naturel. Les implants peuvent nécessiter un remplacement après 10 à 15 ans, tandis que les tissus autologues évoluent de façon plus naturelle avec le corps.

Quels soins et précautions à long terme ?

  • Surveillance régulière : Un suivi médical régulier est important pour surveiller l’état des tissus et des implants (le cas échéant).
  • Soins des cicatrices : Des crèmes cicatrisantes et des massages peuvent être recommandés pour améliorer l’apparence des cicatrices.
  • Examen mammaire : Il est possible de réaliser des examens d’imagerie sur le sein reconstruit. Les mammographies ou IRM sont adaptées aux implants et aux reconstructions autologues.

La reconstruction mammaire affecte-t-elle le risque de récidive du cancer ?

Non, la reconstruction mammaire n’affecte pas le risque de récidive. Les patientes continuent à suivre un suivi oncologique régulier pour détecter toute récidive de manière précoce.


5. Questions fréquentes et préoccupations des patientes

La reconstruction mammaire est-elle douloureuse ?

La douleur est modérée et contrôlée avec des antalgiques. Les zones donneuses de tissu (comme l’abdomen dans le cas du lambeau DIEP) peuvent être plus sensibles.

Quels sont les risques de complications ?

Les risques incluent les infections, les saignements, les troubles de cicatrisation, ou des problèmes liés aux implants (comme les ruptures ou les contractures capsulaires). Les risques dépendent de l’état de santé de la patiente et de la technique choisie.

Est-il possible d’allaiter après une reconstruction mammaire ?

Non, dans la plupart des cas, l’allaitement n’est pas possible car les canaux lactifères sont souvent coupés lors de la mastectomie. Cependant, cela dépend de l’ampleur de la reconstruction et de la préservation des structures mammaires.

Y a-t-il des alternatives à la reconstruction mammaire ?

Certaines femmes choisissent de ne pas reconstruire leur sein et optent pour des prothèses mammaires externes, qui peuvent être portées dans un soutien-gorge adapté. Cette solution permet d’obtenir une silhouette symétrique sans chirurgie supplémentaire.


La reconstruction mammaire après un cancer est une décision personnelle qui peut aider les femmes à se sentir plus confiantes et complètes après une mastectomie. Les techniques varient et permettent de recréer le sein de manière harmonieuse et naturelle. Chaque méthode présente des avantages spécifiques et des contraintes, et il est essentiel de bien discuter de toutes les options avec son chirurgien pour choisir celle qui répond le mieux aux attentes esthétiques et au style de vie de la patiente. La reconstruction mammaire est une étape importante de la guérison et du processus de résilience, permettant de tourner une nouvelle page après le cancer.

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